Perchés sur la montagne, les villages de Tchébé-Tchebé et Ldaoutsaf dans dans l’arrondissement de Mayo-Moskota se croyaient à l’abri des terroristes de Boko Haram. Que non. Dans la nuit du 06 au 07 mai 2015, ceux-ci ont fait irruption dans ces localités situées à une quinzaine de kilomètres de Mozogo et à moins de dix kilomètres du Nigeria. Selon des sources concordantes, l’attaque a été menée entre 19 et 22 heures, par des terroristes venus à pied du Nigeria. A Tchébé-Tchébé, village qui compte plus d’une centaine de concessions, sept personnes ont perdu la vie au cours de cette incursion. Il s’agit des nommés Redassa Modoko, Vanawa Vejek, Warda Ndouvna, de deux enfants de Slanoua Kalazadvi âgés respectivement de 12 et 14 ans et de deux autres enfants de Yega Tchamaya âgés de 03 et 10
ans. Gawi Yatahad, pour sa part, a rendu l’âme le lendemain, 7 mai 2015, à l’hôpital adventiste de Koza où il avait été conduit pour y suivre des soins intensifs. «A leur arrivée, les terroristes ont d’abord ciblé Redessa Modoko, parce que membre du comité de vigilance. Il est, avec Warda et Gawi Yatahad, les seuls à avoir été tués par balles. Les autres victimes sont mortes calcinées dans leurs maisons», témoigne un rescapé. De sources militaires, le bilan aurait pu être plus lourd n’eut été la rapidité avec laquelle les villageois ont abandonné leurs maisons pour se cacher. En effet, les assaillants ont mis le feu, au total, à 76 concessions…
C’est la seconde fois que ce
village croise la route des terroristes de Boko Haram. En janvier 2015, ils s’étaient déjà introduits dans le village, tuant le nommé Adamou Wassa, un membre du comité de vigilance. Cependant, les assaillants ne s’étaient pas tirés à si bon compte comme cette fois-ci. Un des leurs avait été capturé, et les autres contraints à la retraite. A Ldaoutsaf, dans la même nuit, ce sont 12 autres personnes qui ont été tuées au cours de l’incursion des membres de Boko Haram. Cette seconde attaque dans ce secteur, en une
seule nuit, renseigne sur l’activité des terroristes de Boko Haram dans les monts Mandara. Rappelons qu’en septembre 2014, huit personnes avaient déjà été enlevées dans ce village par des combattants de
Boko Haram avant d’être relâchées le lendemain. «Nous avons la certitude qu’ils ont renforcé leurs positions dans les montagnes, de l’autre côté de la frontière. Cette situation menace nos villages isolés dans la mesure où les terroristes chercheront à s’approvisionner en nourriture», explique un officier sur zone. Comme en écho à ces inquiétudes, dans la journée du 9 mai 2015, les terroristes de Boko Haram ont lancé une attaque dans les environs de Zelevet, faisant deux morts dans les rangs de l’armée ; laquelle a mis hors d’état de nuire deux éléments de la secte et arrêté une suspecte.
APPROVIONNEMENT
Selon plusieurs sources, la secte est confrontée à de gros soucis d’approvisionnement en vivres. D’où les incessantes incursions en territoire camerounais comme celle enregistrée dans la journée du 05 mai 2015
dans les villages Tchakramaris et Gogleme dans l’arrondissement de Mora. Au cours de celle-ci, le berger Bouba Oumarou a été tué par balles. En sus de 100 moutons, 57 bœufs appartenant respectivement à Abagana Alhadji Boukar et Modou Abazaraye ont été emportés par les membres de Boko Haram. De même, quelques jours plus tôt, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2015, les combattants du groupe terroriste, venus à bord de 05 motos et deux véhicules avaient pillé le village Mada, situé sur la nationale n°1 à 25 kilomètres de Waza. Un troupeau de bœuf et une cinquantaine de moutons avaient été enlevés.
Si la secte multiplie ces derniers jours des incursions en territoire camerounais, semant ici et là désolation, il n’en reste pas moins qu’elle subit de lourdes pertes chaque fois qu’elle croise la route de l’armée camerounaise. Ce fut le cas encore dans la journée du 7 mai 2015, quand des éléments du Bataillon d’intervention rapide (BIR) en patrouille à Wendou Djabi par Limani ont liquidé six combattants de Boko Haram et interpellé une femme suspectée d’appartenir à la secte.
