Un berger saute sur une mine de Boko Haram

«Notre souffrance n’est pas près de se terminer», soupire Mahamat, refugié à Waza. Habitant du village Mamani, à une dizaine de kilomètres de Waza et à seulement 03 kilomètres de la frontière nigériane, il a déserté son village à la suite de nombreuses incursions de la secte terroriste Boko Haram. «Il n’y a plus personne là-bas», lâche le quinquagénaire. Bien que la bourgade se soit vidée de ses habitants, l’armée
camerounaise, elle, y conduit toujours des patrouilles dans le cadre de la sécurisation desn frontières nationales. C’est sans doute en raison de cette activité militaire que la secte a disséminé dans la zone des engins explosifs improvisés. Dans l’après-midi du 05 mai 2015, certains ont explosé au passage des bergers peul qui revenaient du marché de Waza et qui passaient par le village Mamani pour rejoindre leurs campements. Bilan : un berger tué, deux autres blessés et sept ânes tués. Le berger tué s’ajoute à unelongue liste des victimes des engins explosifs improvisés. Les dernières en date sont un capitaine et un caporal de l’armée camerounaise, morts le 25 février 2015 sur la route MoraLimani, après que leur véhicule a sauté sur une mine. Quelques mois auparavant, notamment le 16 décembre 2014, ce sont
trois militaires qui trouvaient la mort sur la route Vreket-Mora à la suite de l’explosion d’une mine artisanale. Il s’agit du sergent Tangem et des caporaux Doume et Njifenji. Quatre autres soldats avaient également été blessés à cette occasion dont les caporaux Manga, Ngom, Ondoua, Onana et Ndjatam. Trois jours plus tôt, ce sont deux militaires du Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) qui perdaient la vie dans les mêmes circonstances dans la localité de Djibrilli, dans les environs d’Achigachia dans l’arrondissement de Mayo-Moskota. C’est le 31 octobre 2014 que les engins explosifs improvisés ont apparu pour la première fois dans cette guerre. Ce jour, deux véhicules sautaient sur des mines dans l’arrondissement de Fotokol. Il s’agissait d’une Land Cruiser appartenant au Bataillon d’intervention rapide (BIR) dans lequel un militaire a trouvé la mort et d’une voiture de transport conduite par un certain John
Garang. Les engins explosifs improvises ne font pas seulement des dégâts au sein de l’armée et de la population. Boko Haram n’est pas lui-même épargné par ses propres engins de la mort. Le 17 décembre
2014, trois de ses combattants trouvaient la mort à Sagmé, à la suite de l’explosion d’une mine artisanale qu’ils tentaient de poser. De nombreux observateurs craignent aujourd’hui que la secte, mettant à profit son alliance avec l’Etat islamique (EI), ne renforce sa maîtrise des techniques de fabrication de ces engins meurtriers, semant la terreur et la panique à tout va.