Société

Extrême-Nord : Plus de 400 mille enfants scolarisés sans actes de naissance

La région est classée dernière en matière d’enregistrements de ces actes de l’état civil.  

Le Cameroun compte plus de 7 millions d’enfants sans acte de naissance. Parmi eux, 1,3 million sont scolarisés mais sans acte de naissance selon les chiffres du Bureau national de l’état civil (Bunec), en collaboration avec le ministère de l’Education de base (Minedub) qui a procédé à ce recensement pour l’année scolaire 2023-2024. De ce fait, la région de l’Extrême-Nord se taille la part du lion avec 417 428 élèves scolarisés ne disposant pas d’actes de naissance. Des chiffres révélés lors de la tenue du premier Forum national sur l’enregistrement des naissances au Cameroun tenu du 26 au 27 avril 2024 à Yaoundé. Il avait aussi été relevé que seulement 42% des enfants de moins de 5 ans étaient enregistrés à l’état civil, bien que la région soit la plus peuplée du pays. Des données confirmées par l’Institut national de la Statistique qui, à l’issue d’une enquête en 2014, relevait que la région de l’Extrême-Nord est la dernière en matière d’enregistrement de naissances à l’état civil au Cameroun.

Par Rebeka Sintebe

Face à cette situation, les pouvoirs publics et leurs partenaires ont procédé le 17 juillet 2024 à Maroua, au lancement officiel du projet d’enregistrement hors délais de naissance des enfants au Cameroun. La première étape de ce projet consistera à établir 3 000 actes de naissance aux enfants âgées de 6 mois à 15 ans dans le département du Diamaré, région de l’Extrême-Nord. Il s’agit en effet d’un projet validé à la Conférence ministérielle de la Francophonie pour la période 2024-2027 à Yaoundé. «Dans cette programmation, il a été prévu un projet dénommé ‘’Etat civil’’. C’est donc dans la mise en œuvre de ce projet que nous avons décidé d’implémenter le projet ici à Maroua. Le projet consiste à délivrer un acte de naissance aux enfants qui n’en n’ont pas depuis leur naissance. Il faut dire que c’est la phase pilote va durer deux ans, mais qui prendra de l’échelle si les résultats sont concluants», précise Alphonse Waguena, représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour l’Afrique centrale.

850 millions de personnes au monde recensées par l’Unicef qui se trouvent sans pièces officielles d’identité, parce que ne n’ayant pas fait enregistrer. 25 millions d’enfants sans actes de naissance en Afrique parmi lesquels la moitié située en Afrique subsaharienne. Le phénomène de non enregistrement à l’état civil touche le monde entier. Ce projet apparait donc comme une aubaine pour le Cameroun. «Je remercie la Francophonie pour cette initiative de choisir notre pays pour délivrer 3 000 actes de naissance pour la première phase en 2024. En 2025, 25 000 actes de naissance s’ajouteront. Je voudrais encourager les efforts qui sont faits sur place par les acteurs majeurs locaux à savoir les autorités administratives, judiciaires, municipales, traditionnelles et religieuses», encourage Alexandre Marie Yomo, DG du Bunec.

Présidée par Midjiyawa Bakari, gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, cette cérémonie de lancement de la première phase du projet d’enregistrement hors délais de naissance des enfants au Cameroun, a connu des temps fort à l’instar de la sensibilisation par un sketch sur l’importance de l’acte de naissance, notamment. Aussi, le gouverneur n’a pas manqué d’adresser ses remerciements quant au choix de l’Extrême-Nord pour cette première phase. «Je voudrais remercier le DG du Bunec et toute son équipe pour l’intérêt qu’ils ont toujours porté à la région de l’Extrême-Nord et pour les efforts consentis dans le cadre de la réforme du système de l’état civil. Merci à l’OIF qui par son action qui vise à améliorer les conditions de vie des populations. Mon vœu est qu’au sortir de cette salle, que des engagements soient pris par chacun dans la mesure de ses pouvoirs et ses moyens, afin de faciliter l’identification de ces enfants de 6 mois à 15 ans, pour qu’ils puissent bénéficier de ce projet», déclare-t-il. Ce projet soutenu par l’OIF apporte un appui financier de 50 mille euros pour sa mise en œuvre ; soit environ 32 millions de francs CFA.

LDS

L'Oeil du Sahel est le quotidien spécialisé dans l'actualité du Nord-Cameroun. Son directeur de publication est Guibaï GATAMA

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