Le sous-préfet accusé de collecter illégalement les taxes

Sur les 41 conseillers municipaux que comptent la commune de Touboro, 38 ont saisi, le 24 avril 2015, le gouverneur de la région du Nord, Jean Abate Edi’i, par une correspondance dans laquelle ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme des pratiques illégales du sous-préfet de Touboro, Ibrahim Mamouda. Ils reprochent à l’autorité administrative, d’empiéter régulièrement sur les prérogatives relevant exclusivement de l’exécutif communal, notamment la collecte de certaines taxes. En effet, la lune de miel
entre le sous-préfet et la commune a été de courte durée, explique-t-on. «Monsieur le Gouverneur, l’arrivée de monsieur Mamouda Ibrahim comme Sous-préfet de l’arrondissement de Touboro, a mis toutes les populations en liesse. Celles-ci l’ont chaleureusement accueilli, vu son jeune âge et surtout son ouverture d’esprit. Tous ont dit unanimement qu’enfin, une nouvelle ère est ouverte», peut-on lire dans la correspondance adressée au gouverneur. Après cette euphorie, le climat s’est vite dégradé entre le jeune administrateur et ses administrés. Selon les conseillers municipaux, Ibrahim Mamouda aurait radicalement changé d’attitude vis à vis de la population, après sa première visite au palais du lamido de Rey-Bouba. De retour, le sous-préfet avait alors institué unilatéralement une taxe dite de commerce sur tous les sacs de céréales qui sortent du grand marché de Touboro. «Cette taxe, il continue à la percevoir jusqu’aujourd’hui sans reverser quoi que ce soit dans les caisses de la commune», précisent les conseillers dans leur lettre. A Mbaïmboum, l’un des plus grands marchés frontaliers de la localité, toujours selon les conseillers, il a institué en lieu et place de l’exécutif communal, une taxe d’abattage de 3000 Fcfa par bête. Taxe que perçoit l’un de ses hommes de main, le nommé Sarki Sanou.
UNDP
Dans le volet sécuritaire, ce n’est non plus la parfaite entente. La collaboration que les populations veulent établir pour dénoncer les malfaiteurs, n’est pas suivie par le souspréfet. «Suite à l’attaque survenue au domicile de Mme Yongba Rosa, première adjointe au maire Undp de Touboro dans la nuit du 03 au 04 Avril dernier, le sous-préfet n’a même pas eu la moindre compassion pour cette dernière et n’a pas daigné se rendre sur les lieux de l’incident. Il a plutôt convoqué une rencontre le lundi 06 avril, après une rencontre à huit clos avec les représentants du Lamido de Rey-Bouba à la Fada. Au cours de cette réunion, il a donné la parole à quelques personnes soigneusement choisies et la refusant catégoriquement aux jeunes et surtout, aux représentants du peuple que nous sommes, malgré l’intervention et l’insistance du maire Nana Koulagna qui souhaitait que nous prenions la parole pour donner nos points de vue sur le sujet». Pour les conseillers municipaux, Ibrahim Mamouda ne fait rien pour assurer leur sécurité. Ceux-ci se posent d’ailleurs la question de savoir si c’est leur fait d’appartenir à l’Union nationale pour la démocratie et progrès (Undp) qui amène le sous-préfet à ne pas prendre des dispositions pour assurer leur sécurité. Toutes choses pour lesquelles ils ont tenu à attirer l’attention du gouverneur de la région du Nord.
INSÉCURITÉ
Longtemps sous les ordres et le diktat des dogaris du lamido de Rey-Bouba, l’arrondissement de Touboro a retrouvé un semblant de liberté lors des élections du 30 septembre 2013. Celles-ci avaient été remportées par l’Undp de Bello Bouba Maïgari. Cette défaite de ses fidèles n’a jamais été digérée par le monarque de Rey-Bouba. L’arrondissement est par conséquent régulièrement secoué par des attaques
des hommes lourdement armés qui essaient de mettre au pas ceux qui résistent à l’autorité du lamido.
Après le maire Nana Koulagna dont le domicile avait été attaqué en mars 2014, le chef de la communauté Mbororo, Alhadji Laoulo. Récemment encore au mois d’avril 2015, c’est le domicile du premier adjoint au maire, Rosa Yongba, qui était attaqué par des hommes lourdement armés sans aucune réaction des forces de maintien de l’ordre et de sécurité qui sont pourtant dans la ville. L’identité des commanditaires de ces dernières attaques n’est pas encore connu, mais l’exécutif municipal dans son ensemble pointe un doigt
accusateur sur les hommes de main de Sa majesté Aboubakary Abdoulaye, qui avaient d’ailleurs promis publiquement de rendre la tâche difficile au nouvel exécutif municipal au lendemain des municipales de 2013.