Dans un contexte marqué par des crises sécuritaires, climatiques et sanitaires, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun fait face à des défis sans précédent. Les activités des Groupes armés organisés (GAO) et les tensions intercommunautaires ont provoqué des déplacements massifs de populations, fragilisant le tissu social et impactant gravement la santé mentale des communautés. En 2022, près de 2 000 cas de violences basées sur le genre (VBG) ont été signalés, dont 50 % étaient des violences sexuelles. Ces violences, exacerbées par la précarité, ont laissé des milliers de survivantes avec des traumatismes sévères, dont 35 % souffrent de troubles de santé mentale, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Face à cette crise, les systèmes de santé locaux sont largement débordés. Les épidémies récurrentes de choléra, de poliomyélite et de rougeole aggravent la situation, limitant encore plus la capacité des services de santé à répondre aux besoins psychosociaux des populations. Dans ce contexte alarmant, la coordination entre les acteurs de la santé mentale et du soutien psychosocial (Smsp) devient impérative. La santé mentale et le bien-être psychosocial sont des piliers essentiels de la résilience communautaire et de la reconstruction sociale.
C’est dans cette optique que s’est tenue à Maroua le 9 décembre 2024 la 3e édition du forum Rasam-REN, consacrée aux 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Ce forum a réuni des parties prenantes nationales et internationales engagées dans le domaine de la santé mentale. Cette cérémonie a été présidée par l’inspecteur régional chargé des services de l’administration préfectorale, Bandibeno William, représentant du gouverneur de l’Extrême-Nord, en présence du coordonnateur terrain ACF, Amadou Guindo.
L’événement a pour objectifs d’évaluer les actions menées depuis la dernière édition, d’identifier les défis persistants dans la prise en charge psychosociale, et de définir des pistes stratégiques pour une réponse intégrée et durable aux besoins des populations.
Action contre la Faim (ACF) et les bailleurs de fonds tels que le German Federal Foreign Office (GFFO) et l’Agence française de développement (AFD) soutiennent cet événement à travers leurs projets, renforçant ainsi la synergie entre les initiatives locales. L’organisation de ce forum est le reflet d’un engagement collectif à construire un environnement où chaque individu, en particulier les femmes et les jeunes filles, puisse bénéficier d’un soutien adéquat pour surmonter les traumatismes.
Les principaux objectifs du forum incluent la réalisation d’un bilan des activités menées par le réseau depuis la dernière édition, le partage des bonnes pratiques et des leçons apprises en matière d’interventions en santé mentale, ainsi que l’identification des principaux défis et besoins dans la région de l’Extrême-Nord. Il s’agit également de souligner l’importance de la prise en charge psychologique et psychosociale des survivantes de VBG et de définir un plan d’action concerté pour renforcer la réponse en santé mentale au niveau régional.
«Le Rasam-REN est un forum qui est né sous l’égide d’Action contre la Faim. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait beaucoup de problématiques en relation avec la santé mentale et le Rasam-REN a été créé pour pouvoir mettre en œuvre tous les acteurs qui participent au bien-être des communautés et cette année, c’est la troisième édition du Rasam-REN», a déclaré Njandja Gaelle, responsable programme santé mentale et soutien psychosocial à ACF.
Par David Wenai